97 %. C'est la part de production couverte par la liste officielle des fournisseurs Mango dévoilée en 2023. Pendant que d'autres grands noms du textile européen entretiennent le flou sur l'origine de leurs ateliers, Mango lève, au moins en partie, le voile sur ses chaînes d'approvisionnement.
La majorité des vêtements Mango prennent racine en Turquie, au Maroc, en Chine et au Bangladesh. Les contrôles sociaux et environnementaux varient fortement d'un pays à l'autre, d'une usine à l'autre, malgré les promesses publiques de l'enseigne. Les partenaires industriels changent parfois d'une année sur l'autre, rendant le suivi des conditions de fabrication difficile et mouvant.
Mango face aux enjeux de la production mondiale : où sont fabriqués ses vêtements ?
La marque Mango pilote sa production textile à l'échelle de plusieurs continents. Sous les enseignes lumineuses de Madrid ou Paris, une impressionnante toile industrielle se déploie, dense et pragmatique. Si le siège reste à Barcelone, la fabrication des vêtements se joue en grande partie hors des frontières espagnoles.
La Turquie, d'abord : Istanbul et ses faubourgs, véritables moteurs du prêt-à-porter rapide, concentrent près d'un quart du volume. Le Maroc arrive en deuxième position, profitant de sa proximité avec l'Europe pour raccourcir les délais. Bangladesh et Chine, quant à eux, absorbent la production de masse. Le Portugal, plus discret, s'occupe de gammes premium ou de collections limitées, là où la qualité prime sur la quantité.
Pays | Spécificité |
---|---|
Turquie | Production rapide, proximité logistique |
Maroc | Textiles pour l'Europe, délais courts |
Bangladesh | Volumes élevés, habillement à coût réduit |
Portugal | Qualité, petites séries |
Chine | Fourniture de tissus et accessoires |
La production de vêtements Mango s'appuie sur un réseau d'usines partenaires dont la localisation évolue selon les saisons, les matières premières et la demande. Les ateliers espagnols ne fournissent plus qu'une fraction minime : le « made in Spain » se fait rare, résultat d'un arbitrage clair en faveur de la mondialisation et de la recherche de compétitivité. Ce maillage industriel s'inscrit dans une logique de maîtrise des coûts, d'agilité et de délais raccourcis.
Quels critères encadrent le choix des sites de production de Mango ?
Chez Mango, la sélection des sites de production ne laisse rien au hasard. Chaque fournisseur est évalué sur plusieurs fronts : fiabilité de la qualité, solidité logistique, mais aussi capacité à suivre un calendrier de collections en perpétuelle évolution. La marque exige une chaîne d'approvisionnement toujours sur le qui-vive, prête à s'adapter sans délai.
Les matières premières influencent aussi la répartition des commandes. Coton, polyester recyclé, viscose certifiée : Mango collabore avec des fournisseurs tels que Textil Santanderina, Belda Llorens ou Lenzing AG pour renforcer la dimension durable de ses créations. Les matières recyclées, en coton ou polyester, prennent leur place, portées par l'évolution des attentes clients et les objectifs environnementaux.
Voici les principaux critères qui guident Mango dans la sélection de ses partenaires industriels :
- Contrôle qualité rigoureux : audits fréquents, tests en laboratoire, examen attentif des conditions de travail.
- Proximité des fournisseurs de tissus : accélère la production et réduit les distances de transport.
- Adaptabilité des lignes de production : ajustement rapide des quantités en fonction des tendances du marché.
Le tarif n'est qu'une variable parmi d'autres. La force du processus de production, la possibilité de remonter la trace des tissus et la volonté de tisser des relations pérennes avec des acteurs majeurs, comme Arvind Limited, jouent un rôle décisif. L'objectif : associer rapidité, fiabilité et responsabilité.
Transparence affichée : que révèle la marque sur ses fournisseurs et ses usines ?
La transparence n'est plus une option : elle s'impose. Depuis 2020, Mango diffuse la liste de ses fournisseurs de premier niveau. Ce sont les usines qui assurent la coupe, la confection et l'assemblage des collections. Turquie, Bangladesh, Chine, Maroc, Portugal : la liste, publiée sur le site officiel, détaille adresses, noms des sociétés et effectifs. Mango rejoint ainsi le Transparency Pledge, s'alignant sur les enseignes qui rendent publique leur chaîne d'approvisionnement.
Pour l'instant, seules les usines de premier cercle sont concernées par la liste Mango traitants. Les fournisseurs de tissus et les sous-traitants restent dans l'ombre, hors du champ du grand public. Des organisations telles que CC. OO Industria saluent cette ouverture tout en appelant à plus d'exhaustivité. La question demeure : jusqu'où la marque sera-t-elle prête à remonter la filière ?
Audits, partenariats associatifs, publication de rapports : Mango communique ses avancées, choisit ce qu'elle révèle, orchestre le tempo. Mais la traçabilité s'arrête en général à la porte de l'usine d'assemblage. Difficile d'aller plus loin, tant la chaîne industrielle demeure fragmentée et complexe. Les spécialistes soulignent que la transparence, même affichée, dépend de la capacité à cartographier tout un écosystème industriel.
Entre éthique et réalité industrielle : peut-on parler d'une mode responsable chez Mango ?
L'équation reste délicate. Durabilité et production de masse avancent rarement main dans la main, surtout pour une marque aussi structurante de la fast fashion européenne. Toni Ruiz, à la tête de Mango, affirme vouloir réduire l'empreinte écologique de l'entreprise, favoriser l'usage de matières recyclées et collaborer avec des fabricants certifiés comme Textil Santanderina ou Lenzing AG. Les engagements sociaux font partie du discours, mais la cadence industrielle reste soutenue.
Plusieurs initiatives existent, souvent menées à titre expérimental : collecte de vêtements usagés, appui à des ONG telles que Médecins sans frontières ou Fundacion Vicente Ferrer. Certaines campagnes sont relayées par la Rouge espagnole au Pakistan ou ailleurs. L'objectif : améliorer la traçabilité, garantir des conditions de travail minimales et limiter l'impact environnemental.
Mais sur le terrain, la réalité de l'industrie s'impose. Les productions se répartissent entre le Bangladesh, le Vietnam, le Maroc et, plus marginalement, l'Espagne. Pour répondre aux volumes exigés, l'organisation doit rester flexible, réactive, parfois au détriment des ambitions éthiques. Les audits se multiplient, mais la dispersion géographique complique le contrôle régulier.
Chez Mango, la promesse d'une mode durable se frotte à la mécanique de la production textile mondiale. Le débat reste ouvert : trouver le point d'équilibre entre responsabilité, exigences du marché et volume de production. Reste à savoir si le consommateur, demain, acceptera encore d'ignorer ce qui se joue derrière l'étiquette.